Cette journée d’étude se propose d’initier la réflexion sur l’utilisation des approches qualitatives dans diverses disciplines et de favoriser les échanges entre analystes débutant·e·s et confirmé·e·s. Plus spécifiquement, elle offre l’occasion à plusieurs doctorant·e·s de présenter l’état d’avancement de leurs travaux, d’expliciter leur cheminement méthodologique et de bénéficier du regard posé par des expert·e·s. La richesse des discussions et le partage d’expérience offriront à tou·te·s les participant·e·s de parfaire leur approche méthodologique et de surmonter les difficultés qu’elles·ils pourraient rencontrer tout au long de leurs recherches.
9h00 | Accueil |
9h30 | Mot de bienvenue |
| Défis et stratégies de documentation pour la Conception pour la Démontabilité et l'Adaptabilité (CpD/A) dans le secteur de la construction par Amélie Halbach (ULiège, Architecture)
Discutant : Christophe Lejeune (ULiège, Sociologie)
La Conception pour la Démontabilité et l'Adaptabilité (CpD/A) vise à réduire l'extraction de ressources et les déchets dans la construction, mais le partage d'informations tout au long du cycle de vie du bâtiment reste un défi. Le Passeport Matériau (PM) et le Building Information Modeling (BIM) sont proposés pour y remédier. Cette étude analyse les rôles des acteurs et les obstacles rencontrés dans la formalisation et la transmission des informations liées à la CpD/A, pour établir des stratégies documentaires efficaces. Elle explore également le potentiel du PM et le rôle des acteurs dans sa mise en place. En s'appuyant sur la méthode par théorie ancrée, les données ont été recueillies via des entretiens semi-directifs avec les acteurs des différentes phases du cycle de vie d'un bâtiment. L'échantillon initial comprenait au moins un représentant par phase, aboutissant par itérations à un total de 18 entretiens avec les acteurs clés. Les résultats soulignent l'importance de surmonter les défis organisationnels et collaboratifs, notamment la gestion des données. L'alignement et l'engagement des parties prenantes envers les principes de CpD/A sont également cruciaux pour le succès de cette démarche.
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| La place du manager de proximité dans un changement venu d’en haut : une quête de sens - cas d’une administration publique belge par Nathalie Sol (UMons, Gestion)
Discutante : Laetitia Pozniak (UMons, Gestion)
Un manager de proximité peut-il donner du sens à un changement imposé par la direction de son organisation et auquel il n’adhère pas ? Comment peut-il convaincre ses équipes de l’utilité de ce changement si lui-même n’est pas convaincu ? La littérature attribue au manager de proximité un rôle d’agent du changement mais elle ne lui offre pas toujours les clés pour réussir cette mission de donner du sens à un changement non consenti. Doit-il nécessairement créer du sens pour lui-même afin d’être capable de le partager avec son équipe ? Notre étude reprend et combine quatre pistes, jusque-là étudiées isolément, de création de sens à un changement venu d’en haut : un sens venant de l’initiateur du changement, un sens créé par le manager seul compte tenu de sa bonne connaissance de ses collaborateurs, un sens cocréé au sein de l’équipe ou avec des pairs engagés dans le même processus de changement. Inspirée par la « stratégie comme pratique » et renforcée par une analyse inspirée de la théorisation ancrée, cette étude de cas focalise notre attention sur le « faire » et le « dire » des acteurs au sein d’une administration publique.
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| Travailler avec ou sur les préférences des patients : Négociation autour d’un objet dynamique Étude qualitative auprès de médecins généralistes par Gilles Cornelis (UCLouvain, Médecine)
Discutante : Sarah El Guendi (ULiège, Crimininologie)
Prendre en compte les préférences des patients est un critère de qualité dans les soins donnés aux patients atteints de maladies chroniques. Les médecins généralistes (MG) ont une place centrale dans l’accompagnement de ces patients mais semblent prendre difficilement en compte leurs préférences. Dès lors, nous avons réalisé une recherche qualitative basée sur des entretiens individuels semi-structurés avec des MG pour comprendre comment ils travaillent avec les préférences de leurs patients atteints de maladies chroniques. Les données de 14 entretiens ont été analysées selon les grands principes de la théorisation ancrée. Pendant les entretiens, un facteur clé aidant les MG à identifier les préférences des patients était l'écart entre les préférences des patients et leurs propres préférences pour leurs patients. Cet écart a été associé à l’évaluation par les MG d'un risque pour leurs patients mais aussi pour eux-mêmes, la relation médecin-patient ou la société. Cette évaluation comprenant, par exemple, si le médecin peut valoriser la préférence du patient. Enfin, les MG ont recours à des stratégies pour rendre l’écart acceptable ou pour modifier la préférence du patient. Les préférences des patients peuvent être considérées comme des objets instables maniés par les médecins pour négocier le cours des soins.
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14h | S’accompagner pour accompagner par Marine Winand (ULiège, Éducation)
Discutante : Florence Lanzi (ULiège, Gestion)
Dans le secteur de la coopération au développement, les organisations issues de la société civile ont pris une place significative. Actrices de changement, leur mission principale est d’impulser et d’accompagner des changements de pratiques et de comportements. Cela implique également de veiller à la pérennité de ces transformations.
Si pour impulser et accompagner ces changements, plusieurs stratégies et logiques d’action sont d’ores et déjà identifiées telles que le fait de miser sur le collectif ou de négocier la position de retrait, l’analyse de l’expérience des agents de changement montre aussi que, corollairement à l’accompagnement des utilisateurs, ces acteurs mettent en œuvre des stratégies dont ils sont les principaux bénéficiaires. Les premiers résultats mettent en évidence que selon le contexte, les enjeux et les finalités poursuivies dans le projet, les agents peuvent par exemple choisir de se singulariser ou de se satisfaire d’un changement partiel.
Dans cette recherche, nous cherchons à comprendre l’expérience de l’accompagnement en tenant compte des propres préoccupations des acteurs. Pour parvenir à saisir comment s’accompagner soi-même permet d’accompagner autrui, nous menons des entretiens avec des agents qui œuvrent en faveur d’un ou de plusieurs objectifs de développement durable au Bénin, au Sénégal et au Mali.
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| Enjeux sécuritaires, sociaux et sanitaires autour des usages de drogues féminins par Sarah El Guendi (ULiège, Criminologie)
Discutant : Maxime Morsa (ULiège, Psychologie)
Les femmes consommatrices de drogues ont longtemps été reléguées dans l'ombre des politiques de santé publique, leurs expériences singulières étant souvent éclipsées par un modèle masculin prédominant. Cette invisibilisation a engendré des répercussions sur leur accès aux soins, les exposant à des risques important de violence et à une marginalisation systémique. Ces femmes se heurtent à une série d'obstacles complexes, parmi lesquels la stigmatisation de genre, les violences sexuelles, les difficultés d'accès à des services adaptés, ainsi que les discriminations intersectionnelles qui en découlent.
En s'appuyant sur une méthode d'analyse par théorisation ancrée, notre étude, réalisée auprès de 15 femmes consommatrices de drogues à risque dans deux villes belges, met en lumière la diversité des obstacles auxquels elles font face. Ces femmes, dont les parcours de vie sont variés (travailleuses du sexe, mères, migrantes, etc.), partagent un vécu commun, marqué par l'interaction de multiples facteurs de discrimination. Au-delà des obstacles structurels et sociaux, notre étude révèle que les femmes consommant des drogues sont confrontées à des enjeux sécuritaires majeurs qui impactent directement leur santé et leur bien-être. Ces violences, souvent liées à leur genre et à leur situation de précarité, constituent un frein supplémentaire à l'accès aux soins et à l'accompagnement.
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16h | Mot de la fin |